by Carmen Lobo

Archives de juin, 2010

Etre vivant…


« Parce que ce qui est beau, c’est ce qu’on saisit alors que ça passe. C’est la configuration éphémère des choses au moment où on en voit en même temps la beauté et la mort, le mouvement et sa disparition. […] C’est peut-être ça, être vivant: traquer des instants qui meurent. »

L’élégance du hérisson, Muriel Barbery

La Seine été 2010
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« Femme nue avec une pomme »



Photo:  Exposition au Sénat: Russie histoire et modernité  « Femme nue avec une pomme » de Igor Obrossov
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Danser


«Seule une grande peine ou une grande joie peuvent révéler ta vérité.  Si tu désires être révélé, tu dois danser nu au soleil ou porter ta croix. »

Khalil Gibran « Le sable et l’écume »

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Au Jardin


« La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil.   »

Friedrich Nietzsche

Photo: Concert au Plein Air au Jardin du Luxembourg « Voyageurs International Denver, Colorado » Juillet 2010
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Le Baiser


Ils se regardèrent encore, cherchant à voir leurs plus secrètes pensées.

Il reprit :

« Je ne crois pas que j’en revienne. Je souffre trop. » Elle balbutia :
« Vous souffrez beaucoup ?
– Oh ! oui. »

Se penchant un peu plus, elle affleura son front, puis ses yeux, puis ses

joues de baisers lents, légers, délicats comme des soins. Elle le touchait à

peine du bout des lèvres, avec ce petit bruit de souffle que font les enfants

qui embrassent. Et cela dura longtemps, très longtemps. Il laissait

tomber sur lui cette pluie de douces et menues caresses qui semblait

l’apaiser, le rafraîchir, car son visage contracté tressaillait moins

qu’auparavant.

Fort comme la mort (1889) Guy de Maupassant
Photo: Gustave Klimt : Le baiser au Sénat – Jardins de Luxembourg
Exposition « Russie: Histoire et Modernité »
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La poétique de l’espace


 » L’être est rond »

Gaston Bachelard: La poétique de l’espace

Photo: Musée des Arts décoratifs à Paris

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Le langage est une peau


Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l’autre. C’est comme si j’avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir. L’émoi vient d’un double contact : d’une part toute une activité de discours vient relever discrètement, indirectement, un signifié unique, qui est « je te désire », et le libère, l’alimente, le ramifie, le fait exploser (le langage jouit de se toucher lui-même) ; d’autre part, j’enroule l’autre dans mes mots, je le caresse, je le frôle, j’entretiens ce frôlage, je me dépense à faire durer le commentaire auquel je soumets la relation.
(Parler amoureusement, c’est dépenser sans terme, sans crise ; c’est pratiquer un rapport sans orgasme. Il existe peut-être une forme littéraire de ce coïtus reservatus : c’est le marivaudage)

Roland Barthes:  » Fragments d’un discours amoureux ». Seuil 1977.
Photo: au Musée du Louvre 2010
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Jeanne et Paul


David Lynch a réalisé les onze vitrines des Galeries Lafayette « Machines, Abstraction and  Women » et une exposition « I  See Myself », à la Galerie des Galeries ( du 8 septembre au 3 octobre 2009)

Les photos ont été prises avec mon téléphone portable




Bonjour…


« J’éprouvais, en dehors du plaisir physique et très réel que me procurait l’amour, une sorte de plaisir intellectuel à y penser. Les mots « faire l’amour » ont une séduction à eux, très verbale, en les séparant de leur sens. Ce terme de « faire », matériel et positif, uni à cette abstraction poétique du mot « amour », m’enchantait… »

Françoise Sagan:  » Bonjour tristesse » Paris

Photo: Jardin des Plantes- Paris 5
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Le chemin


« Quand on voyage vers un objectif, il est très important de prêter attention au chemin. C’est toujours le chemin qui nous enseigne la meilleure façon d’y parvenir, et il nous enrichit à mesure que nous le parcourons. »

Paulo Coelho

Photo: Parking à Genève ( BB )
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Ô va prier contre l’orage


Les faux beaux jours ont lui tout le jour, ma pauvre âme,
Et les voici vibrer aux cuivres du couchant.
Ferme les yeux, pauvre âme, et rentre sur-le-champ :
Une tentation des pires. Fuis l’infâme.
Ils ont lui tout le jour en longs grêlons de flamme,
Battant toute vendange aux collines, couchant
Toute moisson de la vallée, et ravageant
Le ciel tout bleu, le ciel chanteur qui te réclame.
Ô pâlis, et va-t’en, lente et joignant les mains.
Si ces hiers allaient manger nos beaux demains ?
Si la vieille folie était encore en route ?
Ces souvenirs, va-t-il falloir les retuer ?
Un assaut furieux, le suprême, sans doute !
Ô va prier contre l’orage, va prier.
Sagesse I – VII    Paul Verlaine
Photo: Parc Citroën – Paris (Juin 2010)
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Mon rêve


Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? — Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine – Poèmes saturniens:  Mon rêve familier
Photo: Montreux, Suisse
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Les jours inutiles


Les jours inutiles sont comme une couche
de crasse sur l’âme.
Il y a une asphyxie lente qui sourit,
qui oublie, qui se tait.
Qui m’impose ces épreuves
quand je ne dis rien ?
Il y a un imbécile comme moi qui se promène,
à bavarder avec les gens et les fantômes,
à se lancer dans la boue et à triturer
la merde de la gloire.
Groin de cochon qui récite des vers
dans les fêtes de famille, où les femmes savantes
parlent d’amour, de guerre,
résolvent le problème de l’espérance.

Jaime Sabines – Les poèmes du piéton

Photo » Yvoire » : Au sommet de la Haute-Savoie, dans les Alpes limitrophes de la suisse, le village de 800 habitants, porte bien son nom. En hiver, ses maisons de pierres et ses balcons en bois sont recouverts de neige, au devant d’un Lac Léman gelé, dans un paysage blanc et lumineux qui éblouit les yeux.
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